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Peuple, ouvriers, prolétaires, autant de mots qu’on souhaiterait ne plus lire et qui se bousculent dans ces textes des Révoltes logiques, écrits entre 1975 et 1985. À l’opposé pourtant de toute célébration, ils entendaient brouiller les identifications qui supportaient les certitudes militantes, marxistes ou anti-marxistes. Tenir sur ces mots trop larges, c’était, d’abord tenir sur leur différence à soi, sur l’espace d'invention dissensuelle qu’offre cette différence. Faire résonner dans les débats du présent des histoires et figures d’un siècle passé, c’était récuser les fausses évidences de l’histoire linéaire.
De telles exigences sont moins que jamais inactuelles. La restauration intellectuelle des années 80 a prétendu rendre sa dignité à la politique. En réalité elle a fait le contraire. Elle a accompagné l’effort des gouvernements de droite et de gauche pour faire évanouir les formes dissensuelles du conflit politique et discréditer sous le nom de “populisme” toute résistance à une nécessité économique posée comme inéluctable. La republication de ces textes voudrait contribuer à rouvrir l’espace qui rend à la contingence des révoltes et de leurs logiques les nécessités dont se nourrissent les dominations d’aujourd’hui comme celles d’hier. |
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